Dans les hôpitaux, CLSC, CHSLD, cliniques médicales et en cabinet, quelques 3 300 diététistes-nutritionnistes œuvrent chaque jour auprès d’une clientèle variée : personnes âgées, enfants, femmes enceintes, patients hospitalisés ou aux soins intensifs, athlètes et personnes aux prises avec des maladies chroniques ou des troubles alimentaires. 

Ces professionnelles de la santé sont des expertes en nutrition clinique. Elles possèdent une formation universitaire reconnue, offrent des soins de qualité et respectent des standards éthiques élevés. C’est pourquoi le législateur réserve, sous condition d’une ordonnance, le traitement nutritionnel aux diététistes-nutritionnistes

Malheureusement, depuis quelques années, de plus en plus de charlatans de la nutrition, très présents sur les réseaux sociaux, sans formation éprouvée, prodiguent à des patients des « soins nutritionnels » qui ont parfois des conséquences sérieuses sur la santé.

Lorsqu’une femme qui allaite se fait recommander par un charlatan de suivre un régime keto (diète cétogène), et qu’elle se retrouve aux soins intensifs pour plusieurs jours, il y a un risque sérieux pour sa santé et celle de son bébé.

Lorsqu’une personne avec le diabète, sur les conseils mal fondés d’un charlatan, dérègle son taux de sucre dans le sang, il y a un risque sérieux pour sa vie.

Le documentaire « Détox: infiltration chez les imposteurs de la gestion de poids » réalisé en 2019 démontre comment il est facile et rapide de devenir un charlatan de la nutrition sans formation, tout en contournant la loi censée protéger le public. L’Ordre des diététistes-nutritionnistes du Québec (ODNQ) est responsable de protéger le public en matière de nutrition. Pour l’Ordre, qui ne dispose pas des leviers suffisants pour intervenir et protéger le public face à ces charlatans, une brèche inquiétante dans le Code des professions doit maintenant être colmatée par le gouvernement du Québec.  

Pour ce faire, l’ODNQ propose un changement important, légitime, efficace et concret au Code des professions qui lui permettrait d’intervenir contre ces charlatans et ainsi de mieux protéger le public. Nous proposons de retirer la condition de l’ordonnance qui crée la réserve de l’activité des diététistes-nutritionnistes.

Cette demande est appuyée unanimement par le Collège des médecins du Québec et l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.  

Les impacts de ces charlatans sur la santé de clientèles vulnérables sont trop sérieux pour reporter  ce chantier. Le statu quo n’est pas une option.

En ce sens, nous encourageons la ministre Danielle McCann, responsable des lois professionnelles, à déposer dans les prochaines semaines un projet de loi qui pourrait être adopté avant les prochaines élections. Elle peut compter sur notre appui et notre collaboration.


Cette lettre ouverte a été publiée le 18 mars 2022 dans Le Devoir. Elle est signée par 1 522 diététistes-nutritionnistes.

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