Pour chaque situation, il faut considérer le jugement professionnel de la ou du diététiste-nutritionniste, les risques et les bénéfices pour la patientèle, et la capacité à pallier les limites de l’intervention à distance. Il revient à chaque diététiste-nutritionniste de déterminer, si ce moyen lui permet d’assurer la qualité et la sécurité de son intervention. En tout temps, les diététistes-nutritionnistes doivent s’assurer de posséder toutes les données nécessaires afin de procéder à l’évaluation nutritionnelle, de déterminer le plan de traitement nutritionnel et d’assurer le suivi de celui-ci. Dans certaines situations, la ou le diététiste-nutritionniste pourrait juger inadéquat de réaliser une évaluation ou un suivi à distance. Il importe que les gestionnaires respectent ce jugement clinique pour assurer la sécurité de la patientèle.

De plus, les diététistes-nutritionnistes sont responsables du suivi de leurs interventions et ne peuvent poser des gestes sans prévoir le suivi au préalable. Selon la situation et les besoins de la patiente ou du patient, les diététistes-nutritionnistes doivent s’assurer de travailler de pair avec les équipes traitantes afin de planifier les suivis requis par la patientèle. Des trajectoires de soins doivent être mises en place afin d’assurer des prises en charge sécuritaire. Considérant que cela relève de l’organisation des soins, les diététistes-nutritionnistes doivent discuter avec leur gestionnaire et les différentes personnes professionnelles impliquées afin d’établir les protocoles à mettre en place avant d’assurer une couverture à distance.

Somme toute, il appartient aux diététistes-nutritionnistes de statuer si une intervention à distance permet de rendre des soins de qualité à la patientèle. Dans certains cas, le suivi à distance peut comporter des avantages alors que dans d’autres situations il ne serait pas approprié.

Finalement, les services à distance doivent respecter l’encadrement prévu dans le Règlement sur les services de santé et les services sociaux pouvant être dispensés et les activités pouvant se dérouler à distance adopté le 26 septembre dernier. Ce règlement s’applique pour les soins et services offerts dans le réseau public de santé.

Notamment les conditions suivantes doivent être respectées :

1° la personne qui reçoit les soins ou le service consent à ce qu’il lui soit dispensé à distance;

2° il ne requiert pas que la personne qui le dispense et celle qui le reçoit soient en présence l’une de l’autre, notamment parce qu’il implique un examen ou un soutien qui ne peuvent être offerts à distance;

3° un plan de contingence en cas de problèmes avec les technologies utilisées pour la dispensation du service a été élaboré;

4° un suivi en présence peut être offert à la personne qui le reçoit.

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Il s’agit en effet d’une situation complexe qui requiert de prendre en considération plusieurs éléments, notamment : l’évaluation de la dysphagie à distance, la collaboration avec les titulaires d’une technique en diététique en contexte de nutrition clinique ainsi que le recours aux agences de placement.

Évaluation de la dysphagie à distance

De manière générale, l’évaluation de la dysphagie à distance n’est pas une pratique recommandée par l’ODNQ, toutefois cela n’est pas interdit. Les personnes qui dispensent des soins de santé, dont les diététistes-nutritionnistes, se questionnent parfois sur le déroulement d’une évaluation de la capacité de déglutition à distance dans un contexte de pénurie de personnel professionnel apte à l‘évaluer (médecins, diététistes-nutritionnistes, ergothérapeutes, orthophonistes) ou lors d’épisode de maladies infectieuses (p. ex. COVID-19).

Pistes de réflexion

Pour chaque situation, il faut considérer le jugement professionnel de la ou du diététiste-nutritionniste, les risques et les bénéfices pour la personne à évaluer, et la capacité à pallier les limites de l’intervention à distance. Il revient à chaque diététiste-nutritionniste de déterminer, en partenariat avec la patiente ou le patient, si ce moyen lui permet d’assurer la qualité et la sécurité de son intervention. En tout temps, les diététistes-nutritionnistes doivent s’assurer de posséder toutes les données nécessaires afin de procéder à l’évaluation nutritionnelle et de déterminer le plan de traitement nutritionnel. Dans certaines situations, la ou le diététiste-nutritionniste pourrait juger inadéquat de réaliser l’évaluation à distance (p. ex. pour certains patients et patientes peu connus, pour la patientèle présentant des troubles cognitifs ou de communication, etc.). Il importe que les gestionnaires respectent ce jugement clinique pour assurer la sécurité de la patientèle. Également, il est important que tous les éléments de la démarche clinique soient consignés dans la note au dossier.

Lorsqu’une ou un diététiste-nutritionniste et la personne à évaluer déterminent que l’évaluation de la dysphagie à distance comporte plus de bénéfices que de risques, plusieurs éléments doivent être considérés :

Avant la séance :

Pendant la séance :

  • Le consentement de la personne à évaluer a-t-il été obtenu ? La discussion devrait inclure les risques liés à l’obtention et à la divulgation de renseignements sur la santé par vidéoconférence ainsi que sur les risques et les limites des interventions en télépratique.
  • Les mesures de sécurité au cas où une urgence technologique (p. ex. quoi faire en cas d’interruption de la communication) ou clinique (p. ex. détresse respiratoire, étouffement) surviendrait pendant la séance sont-elles prévues et communiquées ? Il est de la responsabilité des diététistes-nutritionnistes de s’assurer que de telles mesures sont en place avant de procéder à l’évaluation et d’en informer la personne à évaluer.
  • L’examen de la déglutition par vidéoconférence permet-il de recueillir toutes les données nécessaires à la détermination du plan de traitement nutritionnel ?

Collaboration avec les titulaires d’une technique en diététique en contexte de nutrition clinique

Les techniciennes et techniciens en diététique peuvent s’impliquer et collaborer avec les diététistes‑nutritionnistes à plusieurs des étapes de la démarche clinique. L’évaluation et la détermination du plan de traitement nutritionnel requièrent toutefois les compétences spécifiques des  diététistes-nutritionnistes. Les diététistes‑nutritionnistes sont en tout temps responsables des interventions menant à la détermination et à la modification du plan de traitement nutritionnel.

Dans un contexte de dysphagie, les techniciennes et techniciens en diététique peuvent :

  • Effectuer le dépistage au moyen d’un outil validé : Savoir reconnaître les personnes présentant des signes cliniques de dysphagie et les référer vers une ou un professionnel de la santé habilité à évaluer la dysphagie.
  • Collaborer à l’évaluation nutritionnelle : Participer à la collecte de données et les colliger de façon structurée afin de faciliter la prise en charge par les diététistes-nutritionnistes.
  • Participer à la mise en œuvre d’un plan de traitement nutritionnel : Adapter les textures et les consistances selon les recommandations établies par la ou le diététiste-nutritionniste et collaborer avec le service alimentaire pour la mise en œuvre du plan de traitement nutritionnel.
  • Participer au suivi nutritionnel : Recueillir les données jugées pertinentes par le ou la diététiste‑nutritionniste pour la surveillance et le suivi du plan de traitement nutritionnel. Vérifier que la texture des aliments servis et la consistance des liquides épaissis sont adéquates, apporter les modifications au besoin et rapporter tout écart de qualité aux diététistes-nutritionnistes et au service alimentaire.

Des travaux portant sur la contribution des titulaires d’une technique en diététique en nutrition clinique sont en cours à l’ODNQ. Un outil sera bientôt publié afin de mettre en lumière les meilleures pratiques de collaboration entre les diététistes-nutritionnistes et les techniciennes et techniciens en diététique.

Recours à une ou un diététiste-nutritionniste hors installation ou à une agence de placement

Considérant que l’évaluation de la dysphagie requiert la prise en charge d’une personne avec de la dysphagie et le suivi du plan traitement nutritionnel établi, le recours à une ou un diététiste-nutritionniste de l’externe peut poser certaines contraintes et risques.

Pistes de réflexion

  • Est-ce que les diététistes-nutritionnistes de l’agence auront accès aux données nécessaires à leur évaluation dans le dossier médical ?
  • Qui sera la personne responsable de consigner l’évaluation au dossier médical ?
  • Est-ce que les diététistes-nutritionnistes de l’agence assureront le suivi dans ce contexte ? Si oui, de quelle manière?

Conclusion

L’évaluation de la dysphagie à distance n’est pas une pratique recommandée par l’ODNQ, mais elle n’est pas interdite. L’ODNQ est d’avis qu’un tel moyen devrait uniquement être utilisé lorsqu’aucune autre alternative n’est envisageable et qu’il présente davantage de bénéfices que d’inconvénients pour la personne à évaluer. Il incombe aux diététistes-nutritionnistes de déterminer la pertinence de l’évaluation de la dysphagie en télépratique pour chaque situation qui le requiert, d’évaluer ses aptitudes à fournir des services de qualité par ce moyen et d’adapter son évaluation et ses interventions afin d’assurer la qualité de ses soins et la sécurité du patient.

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La télépratique réfère aux mêmes standards et normes de pratiques qu’une intervention en présence physique. En tout temps, les diététistes-nutritionnistes sont tenues de respecter le Code de déontologie et tous les règlements relatifs à l’exercice de la profession.

Certaines particularités s’imposent pour les services offerts en télépratique, notamment sur le plan de la sécurité, de la confidentialité et de l’intégrité des données. De plus, certains aspects liés aux paiements des consultations et à la tenue de dossier sont à considérer. Pour plus d’information à cet égard, veuillez consulter : Outil d’aide à la décision – Télépratique et gestion du dossier numérique.

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La télépratique est l’exercice d’une profession à distance à l’aide des technologies de l’information et de la communication (TIC). Elle comprend la téléconsultation, la téléexpertise, la télésurveillance, la téléassistance, la téléimagerie ainsi que des activités de formation et de supervision. Elle inclut l’utilisation du téléphone fixe, mobile ou intelligent et d’Internet.

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L’utilisation d’outils technologiques peut susciter certaines interrogations et inquiétudes quant à la sécurité, à la confidentialité et à la protection des données personnelles. Ainsi, il est important de prendre connaissance de la politique de confidentialité des diverses plateformes existant sur le marché avant de recourir à l’une d’elles.

Plateformes généralement recommandées par les expertes et experts, le réseau de la santé et les ordres professionnels (en date de janvier 2021) :

  • Reacts
  • Zoom Entreprise et Zoom en version gratuite
  • Microsoft Teams

Plateformes jugées non sécuritaires par plusieurs organisations (en date de janvier 2021) :

  • Skype
  • Facebook
  • Snapchat
  • Twitter

Si vous ne maîtrisez pas l’évaluation ou l’utilisation des outils de télépratique, il est recommandé de consulter une ou un spécialiste en technologies de l’information. En tout temps, l’utilisation des outils technologiques doit demeurer conforme aux obligations déontologiques.

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Le courriel peut être une façon d’échanger rapidement de l’information. Par contre, il faut redoubler de prudence lorsqu’on l’utilise avec la clientèle. Selon la Cour du Québec, un courriel appartient autant à la personne qui le transmet qu’au destinataire. Autrement dit, la personne qui reçoit le courriel peut s’en servir comme bon lui semble.

Lors de l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC), l’ensemble des obligations professionnelles doivent être respectées:

« Parmi les obligations déontologiques, il y a toutes celles qui concernent la tenue de dossiers. Les diététistes-nutritionnistes ont l’obligation de tenir à jour chaque dossier. Elles ont l’obligation de consigner certains éléments et renseignements, dont une description des services professionnels rendus et leur date, de même que les notes d’évaluation et d’évolution et les recommandations faites au client, tout comme la correspondance et les autres documents relatifs aux services professionnels rendus. Les courriels font sûrement partie de la correspondance et/ou des autres documents relatifs aux services professionnels rendus. Par conséquent, il faut conserver une trace des échanges électroniques. » (Janick Perreault. Idem.)

Les diététistes-nutritionnistes doivent s’assurer d’obtenir le consentement de la personne recevant les services avant d’utiliser le courriel comme moyen de communication. Celle-ci doit être informée des avantages et des risques que cela comporte, notamment la possibilité d’une erreur de destinataire ou d’une interception par un tiers non autorisé.

Il est également conseillé de bien vérifier l’adresse du destinataire pour ne pas envoyer des renseignements confidentiels à une autre personne et pour éviter des ennuis.

Pour plus d’information à ce sujet, nous vous invitons à visionner la formation du Colloque 2020 de l’ODNQ. Dans la deuxième partie, on y traite des enjeux techniques et éthiques liés à la téléconsultation (« La diététiste-nutritionniste et la téléconsultation », par le Dr François Goulet).

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